------------------ (EXTRAIT) ------------------ pour lire la suite, achetez la revue : Shop Béatrice Gross : Revenons sur Silence Trompeur, ton ultime exposition. Tu la revendiques comme telle (il te fallait l’annoncer, peut-être lutter là contre un silence qui aurait été trop trompeur ?), te frayant un nouveau chemin – ou plutôt approfondissant un chemin de traverse qui est le tien depuis longtemps – vers une œuvre à la fois plus vivante et plus dématérialisée (relativement parlant). Tu ne quittes pas la création, au contraire ; et ton écriture et la photographie (la tienne ? Celle des autres ?) continuent de trouver corps ici de manière pérenne, au sein de publications, là de manière plus éphémère dans des évènements…Tu es donc convaincue que le format (esthétique, pratique, économique, politique) de monstration qu’est l’exposition ne te convient pas, ne te convient plus ? Est-ce là un rejet en masse et définitif ? Je me suis aussi lassée du format exposition en tant que spectatrice. De m’en éloigner est une manière de me donner envie d’y retourner, toujours en tant que spectatrice. D’ailleurs c’est assez drôle car la directrice d’un centre d’art vient de me commander un texte sur une exposition à la rentrée, texte qui sera écrit sans avoir vu ni les œuvres ni l’exposition. J’ai également traduit un ensemble de textes sur quatre expositions d’un curateur américain. Donc que je le veuille ou non, l’exposition continue de m’attirer dans ses filets, mais à présent d’une manière décalée, parallèle. Écrire sur des œuvres sans les avoir vues ? Pour la critique conventionnelle, probablement la pire façon d’aborder une œuvre ou une exposition ! Mais plus sérieusement, je voulais justement te poser la question de ton rapport au discours critique – en général, et dans ta propre pratique. Existe-t il une différence de nature ou de degré entre tes pièces d’écriture autonomes, souvent traversées de références à d’autres œuvres ou artistes – et tes textes plus ouvertement et directement consacrés à une œuvre ou un(e) artiste ? Y vois-tu une continuité essentielle ou y a-t il une distinction claire de statut ? Avec cette décision de ne plus produire d’exposition et de tirages photographiques, quelle est ta position quant à tes œuvres-objets existants ?… |